Kennedy et moi de Jean-Paul Dubois
C’est l’histoire d’un type désabusé. Sa femme, ses enfants, tout dans sa vie l’ennuie. Un jour il découvre avec ennui que sa femme a un amant, alors il achète avec ennui un revolver et il décide de se suicider. Avec ennui.
C’est alors qu’une montre surgit dans sa vie. Une montre en apparence banale. Il s’agit en fait de la montre que portait JF Kennedy le jour de son assassinat. Cette montre agit comme un détonateur dans sa vie, tic tac tic tac..
Ce roman grinçant se lit d’une traite. Un récit en apparence caustique mais qui s’avère une belle réflexion sur le temps et l’espoir d’un réveil en chaque être car le banal n’est banal pour qui ne voit pas le merveilleux qui s’y cache.
“J’ai quarante-cinq ans et je ressens cette pénible impression de n’avoir plus aucune prise sur la vie. J’ai fait fausse route, je me suis trompé quelque part. En fondant une famille. En écrivant. En m’habillant n’importe comment. En arrêtant de fumer. Fumer m’a toujours procuré un plaisir indicible. Je n’ai absolument rien à reprocher au tabac. Il m’a épaulé durant tant d’années. Par-dessus tout, j’aimais me relever au milieu de la nuit et allumer une cigarette dans le noir. Je sentais alors la vie s’insinuer en moi, le bonheur se glisser entre la peau et l’os. A ces moments, je savais ce que je valais et ce dont j’étais vraiment fait. Curieusement, mes ennuis ont commencé lorsque j’ai décidé de devenir abstinent. (…) Je crois que, si je me remettais à fumer, tout irait mieux. (…) Le jour où j’ai cessé de fumer, je n’ai pas mesuré la torture que j’allais m’infliger. Depuis cette période, j’ai vraiment l’impression que quelque chose s’est déboîté dans ma vie. (...) En cet instant, pour que mon bonheur soit parfait, il me suffirait d’allumer une cigarette, d’aspirer la fumée bleue et, avec ma bouche bancale, de la souffler en souriant au nez de toute cette famille et de son invité. Au lieu de quoi, je renifle mes doigts comme au temps où je fumais. Ils ne sentent que l’abstinence.”