Celui qui a vu la forêt grandir de Lina Nordquist

On se dit parfois qu’il y a quelque chose d’indécent à lire paisiblement, affalé sur son canapé. Toute cette tranquillité, alors qu’on pourrait être en train de lutter à mains nues contre un ours dans les profondeurs d’une forêt…

Une femme fuit la Norvège avec son compagnon et leur bébé, pour trouver refuge dans une cabane perdue en Suède. Là où certains auteurs – comme Sylvain Tesson ou Thoreau – idéalisent une vie retirée au cœur de la nature, rythmée par la cueillette des myrtilles, la pêche à la truite ou encore les balades contemplatives, Lina Nordquist nous montre une réalité bien plus rugueuse. Vivre reclus au milieu des bois, c’est chaque jour livrer un combat pour sa survie. Plus la nature est belle, plus elle peut se montrer hostile et impitoyable. Le danger est partout, omniprésent.

Élu meilleur roman de l’année en Suède en 2022, Celui qui a vu la forêt grandir est une lecture à la fois dérangeante et envoûtante. On y plonge comme dans une brume épaisse, pris dans une tension constante, suspendu au sort de ces êtres confrontés aux éléments et à la cruauté des hommes. On retient son souffle jusqu’à la dernière page, où se dévoile une vérité finale, comme un ultime coup du sort.

´Mon cœur est un corbeau perché au sommet d'un arbre. Parfois, il croasse de loin, mais en général, il s'approche pour voir. J'imagine que je suis née comme ça, même s'il m'arrive de me demander pourquoi cet animal m'a choisi, moi.´