Disgrâce de J.M Coetzee

C’est l’histoire d’un homme qui voit sa vie partir en lambeaux.

Professeur respecté à l’université du Cap, il est accusé de harcèlement par l’une de ses étudiantes, avec qui il entretenait une liaison. Avouant tout, il ne cherche pas à se défendre et fuit avant même son jugement. Direction la ferme isolée de sa fille, perdue au fin fond de l’Afrique du Sud. Mais les retrouvailles tournent vite au cauchemar. Le coin est hostile, le voisinage menaçant.

C’est un roman à l’ambiance lourde, poisseuse, suffocante qui montre une Afrique du Sud loin de l’image d’epinal des cartes postales touristiques. Les traces douloureuses laissées par l’apartheid sont comme une plaie à vif, qui semble ne jamais vouloir guérir. On finit la lecture sonné: tant de résignation, de cynisme et de désillusion, c’est une belle démonstration dans un texte superbement écrit.

´ Il y a des risques à posséder quoi que ce soit : une voiture, une paire de chaussures, un paquet de cigarettes. Il n'y en a pas assez pour tout le monde, pas assez de chaussures, pas assez de voitures, pas assez de cigarettes. Trop de gens, pas assez de choses. Et ce qu'il y a doit circuler pour que tout un chacun ait l'occasion de connaître le bonheur le temps d'une journée. C'est la théorie. Tiens-t'en à la théorie et à ce qu'elle a de réconfortant. Il ne s'agit pas de méchanceté humaine, mais d'un grand système de circulation des biens, avec lequel la pitié et la terreur n'ont rien à voir.´

Précédent
Précédent

Un soir au club de Christian Gailly

Suivant
Suivant

Le Passe-muraille de Marcel Aymé